Bal de Francescas

Le bal musette de Francescas , c'est une institution, un rituel du dimanche dans ce coin perdu de Lot-et-Garonne en pays d'Albret....

L'orchestre attaque "maladie d'amour, maladie de la jeunesse...et ça danse et ça tourne sur la piste , les jupons virevoltent, en couples élégants, d'un jour ou d'une vie...moyenne d'âge des danseurs 70 ans...voire plus...

Tous et toutes arrivent endimanchés, seuls ou à deux, parfumés, coiffures apprêtées, messieurs rasés de frais...pas d'âge pour l'élégance...

Certains sont assortis l'un à l'autre, tenue rouge et blanche pour les deux, lui, pantalon et chaussures blanches immaculées et chemise rouge cerise,elle, en robe du même rouge à pois blancs et froufrous d'organdis prêts à s'envoler à la première  valse; petites dames d'âge bien mûr , délicieusement vêtues de couleurs aussi tendres que le fard à joues et rose à lèvres qui rend leurs rides encore plus attachantes; d'autres, vêtues de robes de jeunes filles  laissent apparaitre à la dérobée des genoux fatigués à demi cachés par des franges coquines; messieurs en chemise impeccable et pantalon sans faux pli...les yeux pétillent mais parfois je surprend un regard un peu triste qui trahit une vie cabossée, des bleus à l'âme.

Sur la piste, après une cucaracha tonique, l'orchestre offre la douceur d'une valse lente pour redonner du souffle aux corps fatigués.

Malgré les affres du temps, ils dansent, incroyablement légers, emprunts de grâce et d'une élégance un peu surannée, escarpins vernis glissants et petits pas comptés sur le plancher luisant de la piste....Pause...

La piste se vide et chacun attablé devant une boisson rafraichissante et des chouquettes offertes par le CCA, se requinque en attendant la suite. Au bar, on plaisante, un presque octogénaire nous gratifie d'une savoureuse brève de comptoir au moment de régler sa consommation "on ne va pas me faire une césarienne pour sortir mon portefeuille !".

Ils ont le verbe joyeux et parfois vert ces anciens qui viennent s'encanailler. Suivent des allers et retours incessants vers les toilettes , on s'y repoudre le nez, change de chemise, rajuste le brushing, rafraichit le rouge à lèvres.

A l'accueil, à la caisse, au bar, les bénévoles du CCA s'affairent, sur scène le chanteur du groupe chante de sa voix de crooner un slow qui rassemble les êtres.

C'est un beau dimanche après-midi de ce mois d'Aout où la douceur de vivre ensemble prend encore tout son sens.

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